Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/617

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dra l’honneur d’analyser, dans une de nos réunions solennelles, la carrière scientifique de notre confrère ne manquera pas de vous signaler cette rectitude de jugement qui, dans chaque question, lui faisait saisir avec une sûreté merveilleuse le nœud de la difficulté ; vous le verrez alors étreindre dans ses mains puissantes toutes les données du problème qu’il se proposait de résoudre, et en faire jaillir ces lois simples qui, sous le nom de Lois de Gay-Lussac, répandaient des flots de lumière sur les parties les plus abstruses de la science, e excitaient l’admiration du monde entier.

Notre illustre confrère s’est montré toute sa vie, ce qui malheureusement devient de plus en plus rare, le juge impartial et bienveillant des travaux de ses émules ; aucune trace de jalousie n’effleura jamais sa belle âme ; il applaudissait au succès des autres avec une joie sans mélange ; il s’intéressait noblement aux progrès des sciences, abstraction faite de toute mesquine considération de nationalité. Ce n’est pas que Gay-Lussac, malgré son apparente froideur, n’appréciât la gloire pure et brillante que des découvertes scientifiques peuvent répandre sur notre nation, Écoutez, en effet, cette anecdote ; elle est caractéristique :

Un humble salpêtrier découvre, dans les résidus de son travail, un corps simple qui depuis a reçu le nom d’iode. Ce corps est remis par M. Courtois à un chimiste qui, entraîné par des recherches industrielles, le conserve dans son laboratoire sans l’examiner, Sir Humphry Davy, esprit créateur, savant d’une célébrité européenne, vient à Paris, et le bocal renfermant la mystérieuse sub-