Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/631

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nuages au milieu desquels devait d’abord se présenter le vœu que je soumets au public, je dois être sans inquiétude sur l’accueil qui lui sera réservé.

Tous les gouvernements regardent comme un de leurs devoirs de veiller au bon emploi dès richesses nationales. Si un respect, peut-être superstitieux pour le droit de propriété, les a jusqu’ici empêchés d’infliger des amendes à ceux qui laissent leurs terres en friche, voyez-les, du moins, stipuler soigneusement le droit de déchéance contre tout concessionnaire de mines qui ne les exploite pas, contre tout citoyen qui deux ans après qu’un brevet d’invention lui a été délivré, n’en a point fait usage. Naguère encore, peu confiante dans l’intelligence des propriétaires de bois, la loi investissait l’ingénieur de la marine du droit d’aller marquer du sceau de l’État les arbres dont la forme, le port ou la vigueur, promettaient des sujets de prix, Elle ne voulait pas qu’une ignare cupidité arrêtât dans sa croissance, dans son développement, le chêne où le constructeur trouvera la membrure vigoureuse qui dessine, qui maintient les flancs du colossal vaisseau de ligne et se joue des efforts de la tempête ; le sapin dont la tige arrondie, dépouillée de ses branches, devient le mât droit, élancé, majestueux, destiné à supporter sans se rompre, et même sans plier, une immense voilure enflée par les vents les plus rapides. Ç’aurait été un crime à ses yeux de livrer les futurs géants des forêts à l’ignoble cognée qui en eût fait des bûches pour nos cheminées, des fagots pour nos fours ; peut-être même de simples allumettes. Eh bien, dans le domaine de l’intelligence, il est aussi des organisations exceptionnelles qui,