Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/632

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faute d’air et de soleil, restent chétives, rabougries, qui étant soumises, s’il m’est permis de suivre la métaphore, à l’opération mercantile de la coupe réglée, n’arrivent pas à la taille que la nature leur destinait. Ces puissances intellectuelles, dès qu’elles commencent à se manifester, le pays devrait également les marquer de son cachet, les couvrir de sa protection tutélaire, présider à leur libre, à leur entier développement ; ne pas souffrir que sans nécessité, sans profit réel, je dirai presque sans but, on les usât, on les disséminât sur les questions les plus vulgaires, et, en quelque sorte, du domaine commun. Des considérations budgétaires seraient presque sans importance dans la création que je propose, car il n’entrera dans la pensée de personne de multiplier en aucun temps, si l’expression m’est permise, les adoptions nationales au point d’en faire une nuée semblable à cette nuée d’employés qui tous les jours s’échappe des bureaux d’un seul ministère.

Réduisant la question, si l’on veut, à ses termes les plus vulgaires, nous pourrons nous écrier : Celui qui n’est rétribué qu’à raison de son titre de professeur, a rempli son devoir par cela seul qu’il a fait sa leçon ; celui, au contraire, qui ne recevrait de salaire que pour faire progresser la science, serait le débiteur de l’État lorsque, dans l’année, il n’aurait pas attaché son nom à une découverte. Or, un homme d’honneur, et cette qualification, nous aimons à nous le persuader, appartient toujours en propre à l’homme de génie, tiendra scrupuleusement à payer ses dettes.

fin du tome troisième.