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LE TONNERRE.

des critiques précédentes, puisqu’elle ne renferme rien d’hypothétique, rien d’emprunté aux expériences modernes des physiciens, rien qui ne soit le résultat d’une observation immédiate ; en y songeant bien, on trouverait peut-être d’autres difficultés. Au surplus, ce qui nous importe particulièrement ici, c’est de remarquer que tonnerre, dont la signification directe est bruit, éclat, roulement, se prend si souvent pour foudre, comme dans les locutions : le tonnerre est tombé, frappé du tonnerre, feu du tonnerre, etc. qu’on est arrivé à employer les deux expressions indistinctement, même dans des cas où il peut en résulter des méprises, ou du moins un manque de netteté. Les bons écrivains ne font pas cette faute, témoin la phrase, si souvent citée, d’un de nos plus grands prosateurs : « Le ciel a plus de tonnerres pour épouvanter qu’il n’a de foudres pour punir. »

CHAPITRE II.
caractères extérieurs des nuages orageux.

Dans le langage vulgaire, les nuages sont une sorte de symbole de la mobilité et du vague dans les formes. Changeant comme les nuages est une expression proverbiale. Cependant nous allons rechercher, avec les météorologistes, si les nuages au sein desquels la foudre naît et s’élabore, où elle se manifeste par d’éblouissant jets de lumière et des détonations plus fortes que celles de l’artillerie, ne se distingueraient pas des nuages ordinaires, par quelques traits particuliers, constants et faciles à saisir.