Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/245

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aux yeux. Dans le centre et dans le nord de la France, nous voyons, comme les Américains, que les étés sont devenus moins chauds. Peut-être aussi, suivant l’opinion générale, les hivers étaient-ils jadis plus froids ; mais ; nous n’avons pas trouvé que cette grande rigueur des anciens hivers fût prouvée. En tout cas, rien, comme on le voit, ne contrarie l’opinion qu’en Europe le changement de climat doive être exclusivement attribué aux défrichements.

Les Américains ont aussi reconnu une modification marquée dans les vents qui soufflent sur leurs côtes. (Voyez les ouvrages de Williams et de Jefferson.) L’ancienne prédominance des vents d’ouest paraît diminuer[1]. Les vents d’est, devenus plus fréquents, pénètrent aussi, par degrés, plus avant dans le pays.

De moindres froids, de moindres chaleurs, tel a été, aux États-Unis, l’effet du déboisement. Mais cela ne dit point si la température moyenne y a été altérée. Le bénéfice des hivers pourrait, en effet, y compenser la perte des étés. Il est cependant probable que cette compensation n’a pas lieu car, parmi la multitude d’importants résultats que M. Boussingault a recueillis pendant son séjour dans l’Amérique du sud, on trouve un tableau d’observations de températures moyennes de la zone

  1. 1. Si quelqu’un pouvait douter de l’immense prédominance des vents d’ouest dans l’océan Atlantique, je lui citerais le fait suivant qui me semble démonstratif:

    Par une moyenne de six années, les paquebots qui marchent de l’est à l’ouest, c’est-à-dire qui se rendent de Liverpool à New-York, emploient pour faire la traversée, jours ; les mêmes navires reviennent en jours.