Page:Archives israelites 13.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

106 _ ncmvas Pour la philosophie-(que M. Guizot définit toute opinion qui n’admet aucune foi obligée pour la pensée humaine), elle doit, an nom de ses erreurs passées qu’elle peut reconnaître sans embar- ras, et au nom de ses conquêtes, qui sont incontestables, se montrer juste et bienveillante à l’égard de ses anciens adversai- res 2 sa pente aujourd'hui, c’est, sans changer de nature, de re- devenir sincèrement religieuse. · Le but à poursuivre et qu‘il faut atteindre, c’est donc l‘harm0· nie dans la liberté : sans foi, pas de puissance, ni de dignité mo- rale: sans liberté, la foi s'abuse, empiète, etse perd: il faut donc aller à la foi par la liberté. Certes, assigner à la lutte acharnée et multiple qui déchire la société un tel dénouement comme nécessaire, proposer aux principales puissances qui se la partagent un tel but comme essen- tiel, c’est se placer sur un terrain où l`on est sûr d’étre rejoint par tout honnête homme : mais ce qu’on peut reprocher à l’au— teur, c’est de ne pas indiquer suffisamment les moyens d’y arri- ver : il pose le respect et l’indépendance réciproques comme la condition de la pacification générale: mais n’y a-t-il pas de part et · d’autre des principes et des idées diamétralement opposés qui in- terdisent le repos ou du moins toute paix définitive? N'y a-t-il pas des cultes qui par essence aspirent à une domination incontestée Y ` Est-il possible d'espérer que chaque grande opinion se renferme dans son propre cercle, et s‘attache à son amélioration inté- rieure, quand un esprit éminent comme celui de M. Guizot énu- mérant les diverses forces religieuses sociales, omet`la plus pure représentation du monothéisme, c‘est-à-dire la religion juive'! Peut-on l’espérer, quand, malgré tout son désir d’impartialité, ~ l'auteur représente la philosophie comme n’admettant nulle foi obligée, tandis qu'au contraire, une philosophie réellement spi- ritualiste(et il y en a eu et il y en a encore, Dieu merci!) recon- . naît l’existence d’un certain nombre d'idées antérieures et supé- rieures à la raison, en admet pleinement la réalité et Pautorité, et ne diflère d’avec les religions positives que parla voie par où elle y conduit, non par la valeur qu’elle leur attribue? Non, ce n'est pas en séparant les penseurs en deux classes si_ tranchées, si opposées dans l’une desquelles on range avec bien

  • Dlglilzeu}¤yGOOgi€ _