Page:Archives israelites 13.djvu/660

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M. d'Abbadie ne parle que du 10° de la lune, qui y est confondu avec le 10'du mois, et auquel on donne le nom de celui-ci, Arfe asart. « Nous devons dire, ajoute M. d'Abbadie dans sa lettre (1) » qu'un Falasha instruit nous expliqua autrement la fête dite Arfe » asar (dixième dela lune). Selon lui c'était en 1842, le 25 namlé, » puis le 25 nahasé, puis le 20 lmIskarram, à cause des cinq jours » complémentaires, et ainsi toujours de trente en trente jours, » de telle sorte que cette féte fait le tour de l'année en soixanle- » treize ans. S'il en est ainsi, l'institution de cette fête semble- » rait dater de l'époque où les Egyptiens et probablement le reste » du monde, usaient de l'année vague de trois cent soixante » jours. » 11 me parait que le Falasha qui donna cette explication ne parlait pas du 10e de la lune, car il ne peut tomber avec cette exactitude de trente en trente jours, mais bien du 10' du mois abyssin, ou d'un mois quelconque de trente jours, qui ne se règle pas sur la lune (2).

o Le 18e jour du moIs de yakatit, est la fête de la commémoration "OUI d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, qui sont morts tous » les trois le même jour (Yakalit est le il' mois). Cette fête esl » fixe et ne dépend pas de la lune (3). » Les Falashas font des taskar, ou festins commémoratifs, pour tous les morts, et cet usage est universel chez les Ethiopiens, auxquels les Falashas paraissent l'avoir emprunté. Cela explique pourquoi le tazkar des Patriarches ne suit pas le calendrier lunaire des Falashas, mais

(1) Journal det Débats, 1. c.

(?) En effet, M. d'Abbadie m'apprend que le mot arfe signifie moii dans le dialecte des Falashas. La manière d compter cette fête, sans avoir égard aux cinq jours complémentaires de l'année, tne suggère nne réflexion qui n'est peut- être pas sans importance. Les anciens Egyptiens comptaient 1rs jours par décades, et il y avait dans leurannée 3fi décades et 36 génies protecteurs de décades on décans. Mais, pour me servir des paroles d'un égyptologue distingué, M. de Rouge : et Dans nne année de 365 jours, les cinq jours complémentaires exigeaient » une demi-décade de plus. Les monuments prouvent que l'on continuait à » compter les décades sans intevruption et sans s'arrêter h cette difficulté, en » sorte que les décades de dmx .innées successives commençaient alternative» » ment le I"', le 11 et le 21 de chaque mois, ou le 6, le 16 et le 26. » .Kf vue archéologique, Paris, 1849, p. 53C).

Ne saute-t-il pas aux yeux que les ancêtres des Falashas avaient emprunté aux Égyptiens les décades sans solntion de continuité, et que passes en Abyt- sinie, où le partage du temps par décades n'était pas en usage, ils n'ont >onlu ni entièrement conserver ni entièrement abandonner l'ancieune contume, et M bornèrent à déclarer jour de fête celui de la première décade seulement, en continuant toujours à compter cette décade comme les antres, c'est-à-dire «ans avoir égard anx cinq jours complémentaires ? N'est-ce pas là nue preuve à ajouter aux autres que j'ai déjà portées pour montrer que les Falashas descendent des juifs égyptiens?

(3) Répontet, p. 8.