Page:Archives israelites 13.djvu/707

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1snau·ras. 70I ` la justice : les brigandages des petitsseigaeurs féodaux, l’oppres~ sion des villes par les rois , les soulèvements partiels des popula- tions opprimées étaient l'état normal des agglomérations euro- péennes, et la guerre se perpétuait à tous les degrés avec d`bor- ribles caractères : voilà pour la paix; enfin, la domination sans mesure du clergé, le bras séculier toujours prêt à frapper sur les · réquisitions de l’autorité ecclésiastique, la création de l’inquisi- tion, les Albigeois écrasés sans pitié, les Vaudois anéantis, Abei- lard mutilé, la Saint-Barthélemy éclatant à la fin du moyen âge, et, au commencement du xvus siècle même, sous Louis Xlll, le philosophe Vanini brùlé à Toulouse en i6l9 après avoir eu la langue arrachée, voilà pour la charité. Oser prétendre qu’à une époque où nul n‘était sùr dejouir un seul jour en paix du fruit de ses sueurs, de n`êti·e pas ranconné et taillé à merci, de prier Dieu suivant Sa conscience, le despotisme était inconnu, la li- berté était rendue sainte ct durable (p. 45); ajouter enfin que la société méritait alors le beau nom de chrétienté, c'est confondre toutes les notions du juste et de l’injuste, c'est compromettre les intérêts qu’on veut servir, plus gravement qu‘ils n'ontjamais été attaqués. Qui était libre alors? Etaient-ce les rois sur qui pe- saient toujours les foudres des Grégoire VII et des Innocent IV? Étaient-ce les papes qui, lorsqu`ils n‘étaient pas oppresseurs, étaient opprimés, souffletés comme par un Philippe le Bel? Étaient-ce les villes qui étaient toujours en armes pour mainte- nir leurs minces privilèges? Étaient-ce les serfs mis en coupe réglée par les taxes, par les ravages des troupes? Etaient-ce les savants et les philosophes? Qu’on songe à Galilée enfermé et à Ramus assassiné? Étaient-ce enfin les dissidents? Mais les Juifs n’ont—ils pas été pillés par les rois, humiliés par l’Eglise, massacrés par la multitude? Les protestants n’ont-ils pas eu . mille combats à livrer pour faire reconnaître le libre exercice de leur culte? Enfin les catholiques eux·mêmes étaient—ils à · l’abri des bûchers de cette inquisition, dont le fils même d'un roi, Don Carlos; infant d`Espagne, fut la victime avec bien · d’autres? Ce que l’iuexorable histoire prouve aux esprits impar- tiaux, c’est qu’au moyen âge l’0ppression était générale comme — la guerre, et qu'il n'y avait guère d’alternativc entre le rôle Digitized ny Googlc