En faisant du moyen âge une époque de liberté (et d’austérité réglée), il la confond tout simplement avec l'indépendance qui en est bien distincte : c’est l'indépendance et encore une indépendance purement locale que chaque État, chaque province, chaque ville ne craignait pas d`acheter au prix de son sang, c’est elle qui a tant prolongé les luttes des petites républiques d’Italie, des innombrables États de l‘Allemagne, des seigneurs féodaux de la France; mais, certes ce n`est pas au moyen âge qu’ont fleuri les libertés de conscience et de culte, civile et politique, toutes ces libertés enfin dont M. de Montalembert donne l’énumération (p. 76) d`après un ouvrage de M. Rendu, évêque d'Annecy: accepte-t-il ce programme qui est en tout point, pour la société laïque en général, le contre·pied de ce qui se pratiquait au moyen âge, et dont quelques points seulement étaient praticables pour cette petite fraction de la société qui était l’Église? Sa théorie entière le repousse d‘avance.
C'était un mauvais, un faux exemple à choisir de la pratique de la liberté, qu’une époque de guerre universelle et surtout d’oppression réciproque: l’auteur ne s’est pas dissimulé d‘ailleurs que la première, la plus immédiate conséquence de la liberté admise en principe, c’est la liberté religieuse, c’est l'égalité et l’indépendance des consciences entre elles, c’est le libre exercice de chaque culte, suivant les prescriptions de la conscience et indépendamment de toute autorité laïque, sauf les nécessités de l`ordre public et les garanties indispensables pour qu’on n‘arrive pas plus à l’oppression par une liberté sans frein que par l’absence de toute liberté.
Mais l’auteur, en prévoyant cette conséquence, la regarde comme un fait, comme un phénomène purement actuel. a Je sais bien qu’aujourd’hui, dit·il, à la différence des temps antérieurs, la liberté politique entraîne partout avec elle la liberté religieuse. n I
Ainsi, il y a des temps où la liberté peut exister, ait existé, sans que la liberté religieuse existe. Qu’on nous les cite,ces temps-là. Les temps et les pays qu’0n allégueraient en ce sens, n’ont pas connu la liberté réelle, mais l'oppression de tous par un seul chef, ou par une caste puissante, ou l’oppression des in-
