Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/211

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temps de jeter un coup d’œil sur le château de Marcieu, berceau d’une des plus illustres familles de la province, avant de prendre l’omnibus de Grenoble. La campagne graisivaudane, sur cette rive, est pins grasse encore que vers Tencin et Domêne. Le soleil y est plus chaud, ses rayons y brillent plus longtemps, les hautes falaises de la Grande-Chartreuse le réverbèrent ardemment, aussi pourrait-on se croire par instant dans une Provence plus exubérante. Le hameau de la Frette conserve, mais bien dénaturés et amoindris, les murs du château où naquit et mourut le farouche baron des Adrets dont la baronnie était en face, dans une des combes de Belledonne.

Peu de variété dans l’aspect du pays, c’est toujours la même végétation puissante, des vignes, des mûriers, des amandiers, des champs de mais, et la chaîne blanche des Alpes de Belledonne se dressant au-dessus des forêts sombres. De notre côté, presque jusqu’à la route, tombent des cascades venues de la terrasse de Saint-Pancrasse, admirables rubans de dentelle, dans lesquelles se joue le soleil ; mais les torrents qui les forment n’ont pas la houille blanche inépuisable des montagnes qui font face ; les cascades cessent de couler en été ou deviennent de maigres filets d’eau. La grande industrie n’a donc pu s’établir ici.