Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/218

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Sous l’averse, le petit omnibus de la gare a traversé la plaine, que l’on devine verte sous le voile grisâtre des nuées basses. Le temps ne contribuait guère à égayer les rues quelconques de la petite cité qui vit naître Berlioz. Sur son piédestal, l’auteur des Troyens semblait profondément s’ennuyer, car Berlioz a sa statue dans la ville où son père l’avait maudit parce qu’il ne voulait point être un parfait notaire comme lui ! À voir la Côte-Saint-André si calme, si vraiment petite ville, on ne s’explique guère l’éclosion de ce fougueux génie en un tel milieu.

Il est vrai, la pluie rendrait morose des centres plus vivante. En réalité, la Côte-Saint-André est, pour toute cette partie du Dauphiné, un véritable lieu de rendez-vous, mais l’éloignement de la station, placée à cinq kilomètres, de l’autre côté de la plaine, a entravé son développement. Elle n’a pas d’industrie bien personnelle ; si elle fabrique des liqueurs fameuses, elle n’en produit pas autant que Voiron ; ses fabricants de chapeaux de paille ne font pas un chiffre d’affaires comparable à celui de Saint-Georges-d’Espéranche ; elle fait des gants, mais pour le compte de Grenoble. Son importance est due surtout à sa situation au cœur d’une région privée de grandes villes. Son petit séminaire renferme des élèves