Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/332

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Lyonne. La Bourne, principal cours d’eau de ces monts, forme la limite entre les deux cantons.

En sortant des Petits-Goulets la route continue à border la rive gauche de la Vernaison dont le lit est profond encore, mais le torrent assoupi sert à l’industrie ; on le traverse après un brusque lacet en vue de Pont-en-Royans. Ainsi vue à distance, la petite ville est d’un curieux effet, elle est comme collée à la montagne qui l’abrite du nord. Le soleil, chauffant sans cesse ces parois, a donné aux choses une coloration chaude, les toits plats semblent calcinés. Rien ne prépare cependant au spectacle extraordinaire qu’on éprouve en parvenant sur le pont au-dessous duquel, à cinquante mètres de profondeur, coulent les eaux bleues de la Bourne, entre deux parois calcaires à pic.

La ville s’est bâtie au-dessus de cette gorge ; l’espace manquant, on a gagné sur l’abîme au moyen d’échafaudages supportant la plate-forme des maisons. Ces bâtisses ainsi soutenues au-dessus de la rivière produisent un effet étrange, on trouverait difficilement ailleurs une ville construite de la sorte.

Malgré cette ingéniosité des habitants, Pont-en-Royans n’aurait pu s’agrandir ; cependant la population tenait à son rocher, d’ailleurs la situa-