Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/344

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froide, avec les blancheurs neigeuses du Rachais, du Casque de Néron et des Trois-Pucelles. En quelques minutes nous atteignons Sassenage. La petite ville, que le tramway à vapeur vient de rapprocher du chef-lieu, se prépare à employer la lumière électrique. Un tuyau de fonte est placé aux flancs de la vertigineuse falaise qui domine la vallée, les eaux dérivées du Furon dans la vallée d’Engins descendront avec une force énorme et feront mouvoir les dynamos. Sassenage, à cette heure, est d’un calme exquis, on n’entend d’autre bruit que le murmure des fontaines coulant dans les vasques de pierre et les sonnettes de l’attelage. Trois chevaux de renfort ont été placés à la diligence.

À grand bruit de fouet et de grelots nous nous remettons en route ; le chemin est étroit, d’une déclivité extrême, taillé en corniche au flanc de la montagne. De l’impériale où je suis installé, on a une vue admirable sur le radieux paysage grenoblois, sur la plaine iserane verte et fleurie enfermée entre ses monts calcaires, aux gigantesques parois, taillés en coupures grandioses. À mesure que l’on monte, entre des éboulis formidables, à peine entremêlés de quelques broussailles, ou longeant de vastes usines à chaux hydraulique, la vue se fait plus belle encore sur