Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/345

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le massif de Belledonne et la Grande Chartreuse, sur Grenoble étalé entre ses puissantes rivières.

L’équipage, péniblement, hisse la diligence par les lacets sans fin de la route, stimulé à coups de fouet et par des objurgations spéciales à chaque animal. Les six bêtes ont un nom, à tour de rôle elles sont appelées pour éveiller l’attention :

— Hue, la Cantinière !

— Veille donc, Maréchal !

La Cantinière et le Maréchal n’en vont pas plus vite pour cela, ils gravissent à leur aise les pentes maintenant couvertes de vignes en hautins, bien soignées ; ils laissent de côté les travaux d’une route nouvelle qui adoucira les pentes en allongeant le trajet de 1, 800 mètres et nous mènent jusqu’aux abords de la fissure profonde où le Furon se précipite. Près d’une petite chapelle construite sur un rocher et peinte à la façon italienne, Notre-Dame-des-Vignes, on domine de très haut le château de Sassenage si pittoresquement juché sur sa roche. Le grondement du torrent qui se brise remplit le paysage d’un puissant murmure. De la route même on ne distingue pas la cascade ; on voit arriver le torrent, furieux et limpide, pour se précipiter dans l’abîme. La gorge par laquelle il débouche est sévère, d’étroits chemins muletiers en gravissent les pentes ; sur la