Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/41

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ses constructions, ses magasins, son élégante fontaine, la vaste église moderne de Saint-Bruno et le cours Senozan qui la prolonge. Ce coin de ville a laissé d’aimables souvenirs à tous les voyageurs qui l’ont vu de la portière des wagons en allant à Grenoble. Voiron, d’ailleurs, ne dément pas cette impression première, malgré ses industries nombreuses, elle a conservé ou plutôt a acquis un charme réel, les superbes montagnes qui lui font un cadre y sont pour beaucoup.

Jadis Voiron n’avait d’autre industrie que la fabrication des toiles, obtenues avec les fils des chanvres excellents de la vallée du Graisivaudan ; on y fabriquait les toiles à voile, le linge de corps et le linge de table ; naturellement, le tissage à la main était seul connu. Mais les colonnades et le tissage mécanique du lin dans le Nord ont eu raison de ces vieilles coutumes commerciales, la toilerie tendait plutôt à diminuer ; pour donner au consommateur les toiles fines dont il a pris le goût, on a dû aller au dehors chercher des matières premières, lins de Riga et chanvres d’Italie ; sans la force motrice de la Morge, peut-être aurait-on vu disparaître cette branche de l’activité voironnaise — mais aussi sans l’excellent esprit des ouvriers qui ont toujours été hostiles aux fauteurs de grève.