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gnées ainsi dans le procès-verbal de la séance et publiées, elles allaient légitimer les aspirations de l’Opposition aux yeux de la nation.

H. Dumesle répondit à ce discours : « La Chambre en délibérera et votera une adresse en réponse à l’honorable discours que vient de prononcer le chef du pouvoir exécutif. » Puis il offrit à Boyer « au nom de la nation et de ses représentans, l’accolade patriotique qui doit à jamais sceller l’union constitutionnelle de la Chambre et du premier magistrat de la République. » Boyer ne pouvait refuser en cette circonstance ce qui était en usage depuis assez longtemps dans cette solennité[1]. Après sa sortie de la Chambre, une commission fut formée pour préparer l’adresse qu’elle chargea H. Dumesle de rédiger.

Dans la séance du 20, la Chambre reçut un message du Président d’Haïti, accompagnant une liste de trois candidats qu’il proposa pour qu’elle élût un sénateur en remplacement du sénateur Maillard, décédé. Elle passa en comité général où elle fit la remarque, que le Sénat ne lui avait point donné avis de cette vacance dans son sein, ainsi que le prescrivait l’art. 118 de la constitution. Cependant, elle procéda à cette élection, mais en prenant la résolution de s’en abstenir à l’avenir dans tous les cas semblables ; le citoyen Michel (de Jacmel) fut élu sénateur[2].

La Chambre était fondée à faire cette observation ; car le Sénat n’avait nul motif pour ne pas remplir cette formalité à laquelle il était également tenu envers le Président d’Haïti, par le même article constitutionnel : s’il l’avait exécuté

  1. Nous avons déjà dit que ce singulier usage s’était introduit dans la Chambre, par imitation de ce qui se passe dans les loges maçonniques. On finit par ne plus le pratiquer, parce qu’il était réellement inconvenant.
  2. Les autres candidats étaient MM. Rouanez et Calice Bonneaux. La candidature de M. Michel fut peut-être de quelque influence sur la décision de la Chambre ; il avait été an Môle en même temps que H. Dumesle, et ils étaient liés d’amitié.