Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/12

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rétrograde, par cela seul qu’il est débordé de toutes parts par ceux qui marchent d’un pas ferme vers ce but sublime des sociétés humaines[1].

« Ainsi, vous avez soupiré après l’instant où l’éducation prendrait parmi nous cet essor qui pût faire reposer vos regards sur l’avenir avec la douce émotion de l’espérance. Vos pensées se sont arrêtées sur ses bienfaits, et vous vous êtes dit : Si l’éducation a été l’objet des soins les plus constans des gouvernemens anciens et modernes, qui ont cherché les vraies sources de la félicité publique, c’est qu’elle est à la fois créatrice et conservatrice, qu’elle place les institutions dans les mœurs, exerce son influence divine sur l’esprit et le caractère des nations, échauffe leur patriotisme, transmet à chaque génération les trésors d’expériences amassées par celles qui l’ont précédée, agrandit la sphère de leurs idées, fertilise l’immense domaine de l’industrie, et concourt par toutes les voies à la splendeur d’un pays.

« En suivant la statistique des anciens et des nouveaux États, et en portant une attention particulière sur ceux qui se sont formés sous nos yeux, ou ont commencé l’œuvre de leur civilisation depuis notre existence civile et politique, vous avez dû vous étonner de la lenteur de nos progrès ! Mais cette halte ne serait-elle pas l’effet des impressions du passé et de l’attachement aux idées qui ne sont pas en harmonie avec l’esprit du siècle ? L’avancement des États, comme le bonheur des citoyens, est le secret de la science sociale ; cette science embrasse leur bien-être matériel comme leur bien-être moral ; c’est par elle que les magis-

  1. Jusqu’à cette session, la Chambre avait adopté la même devise que le Sénat au Bulletin des lois : « Le salut du peuple est la loi suprême. » H. Dumesle lui proposa et elle adopta celle-ci : « Liberté, Ordre public, Civilisation, Progrès, comme plus analogue à l’esprit du siècle et au besoin des améliorations exprimé par la Chambre. »