Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/199

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moins la partie de la population qui, par son âge inexpérimenté, ne se défiant pas des hommes et peu versée dans la connaissance des choses, est toujours en tous pays la plus aisée à séduire, parce que, réunissant aux illusions de la jeunesse l’ardent désir du bien qui l’anime ordinairement, elle donne par cela même un accès facile aux insinuations de la malveillance.

» Les choses en sont venues à ce point, Président, — il faut le dire, — que ne doutant pas du succès qu’ils se promettent, on les a vus, à la veille des élections et depuis, manifester les opinions les plus extrêmes sur notre état social. Pour ces hommes audacieux, ce succès est tellement certain, qu’ils ne cachent déjà plus les changemens qu’ils comptent d’introduire dans nos institutions, dans l’acte constitutionnel ; car, après avoir naguère défendu de leurs éloges cet acte auquel Haïti doit sa tranquillité et la réunion de toutes les parties de son vaste territoire sous le drapeau national, ils lui attribuent maintenant tout ce qu’ils considèrent comme des maux dans l’état actuel de notre société.

» Ainsi donc, Président, lorsque des réclamations inquiètes sont continuellement publiées pour parvenir à des progrès, à des améliorations que les auteurs de ces publications ne définissent pas, il est permis de n’y voir souvent qu’un moyen d’insinuation pour égarer les citoyens, en leur faisant accroire que le gouvernement se refuse à tenter tout ce qui est possible et exécutable dans l’intérêt du peuple. Certes, ce n’est point au chef dont la longue administration s’est illustrée par des actes admirables de vertu civique, par des événemens si glorieusement accomplis, qu’on serait fondé à reprocher d’avoir négligé d’exécuter ce qui lui paraissait propre à promou-