Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/246

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La perte de ce vétéran ne marqua pas seule cette journée ; la capitale vit dévorer douze de ses îlets par un affreux incendie. À trois heures de l’après-midi, le feu prit dans le laboratoire de la pharmacie du sieur Daumesnil, qui était située dans la rue Républicaine, en face du marché de la place Vallière. Deux heures auparavant, le feu y avait pris et on l’avait éteint : cet étranger persista dans l’opération ou préparation qu’il faisait de ses drogues ! On lui avait fait des observations à ce sujet, mais on n’avait point donné avis du fait au commissaire de police A. Lafontant, logé tout près, et dont la propriété fut aussi brûlée. C’était le troisième incendie sorti des pharmacies du Port-au-Prince pour étendre la désolation dans cette capitale ; le 15 août 1820, le 16 décembre 1822, et cette fois encore. Ce dernier atteignit bientôt deux autres pharmacies, — celles des docteurs Merlet et Jobet, — et de ces foyers, les flammes se communiquèrent aux maisons de leurs environs avec plus d’intensité. Il y avait eu beaucoup d’empressement à se porter sur le lieu du sinistre ; mais les constructions embarrassaient ceux qui s’y rendirent. Ils n’y trouvèrent non plus ni eau, ni seaux à incendie, ni haches, ni échelles à crochets, ni pompes, dans ce premier instant qui décide de tout. Le vent soufflait du nord, assez faiblement ; il passa bientôt avec force à l’ouest, puis au sud-ouest. À sept heures du soir, les douze îlets n’étaient qu’un monceau de cendres. Aux pertes des propriétés immobilières se joignirent celles éprouvées, par les propriétaires ou les locataires, de leurs meubles et autres effets, et par les marchandes des rues Républicaine et Fronts-Forts, des immenses valeurs qu’elles avaient en marchandises dans leurs boutiques.

Ce désastreux événement produisit une profonde impression sur les esprits, après celui qui avait frappé, huit