Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/282

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colonel du 13e régiment… et à L. Greq celui de chef de bataillon. » Cazeau arrêta les deux émissaires et les envoya sous escorte à Borgella, en lui adressant le brevet et les lettres. Ce général pensa qu’il fallait un acte de sévérité, du moins apparent, et il livra les deux émissaires à un conseil spécial qui les condamna à mort ; ils se pourvurent en révision, le jugement fut maintenu, mais Borgella ne le fit pas exécuter[1].

Quoique convaincu de la fidélité du colonel Cazeau, par ce fait digne d’un officier honorable, Borgella qui le savait exposé à des souffrances physiques très-souvent[2] jugea en outre qu’il était opportun de placer un chef supérieur à la tête des 13e et 17e régiment : il envoya l’ordre au général Riché d’aller, du Camp Périn, prendre le commandement de cette colonne, en emmenant avec lui le bataillon du 15e régiment et des gardes nationaux de la plaine et ceux de Cavaillon qu’il fit encore renforcer par l’autre bataillon du 15e et quatre compagnies de la garde nationale de la ville des Cayes. Le général Riche fut enjoint à marcher contre les insurgés, à les combattre pour reprendre l’Anse-d’Eynaud, et continner, s’il était vainqueur, à les poursuivre jusqu’à Jérémie, partout enfin où il les rencontrerait, dans le but d’éteindre l’insurrection.

Le colonel Souffrant, étant venu du Port-au-Prince aux Cayes, en ce moment, avec le 23e régiment de Jacmel et le 26e de la Grande-Rivière du Nord, le colonel Désiré alla remplacer Riche au Camp Périn et dans la route du Ply-

  1. Lorsqu’il fut frappé d’apoplexie en 1840, le docteur Lowel se trouvait aux Cayes et lui porta des soins efficaces. Il concilia ainsi son devoir politique avec la reconnaissance qu’il devait à ce médecin étranger. Celui-ci fut tellement effrayé de sa condamnation à mort, qu’il devint fou, et Borgella en éprouva un sincère regret. Etranger au pays, Lowel devait-il se mêler de nos querelles intestines au point de servir d’agent provocateur de la désobéissance envers le gouvernement ?
  2. Il est constant que le colonel Cazeau éprouvait souvent des spasmes à l’estomac.