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s’embarquerait le lendemain dans la soirée, avec une partie de sa famille ; car il pensait que les autres membres pourraient rester dans le pays, sans être plus inquiétés que ne l’avaient été les familles de Dessalines et de H. Christophe. Il se trompait à cet égard, son expérience des hommes n’était pas complète.

Vers 7 heures du soir, je retournai au palais pour lui rendre compte de ma mission auprès de M. Ussher. Nous étions convenus qu’un canot et une chaloupe de la Scylla se rendraient au coucher du soleil, le 13, derrière l’arsenal, avec le commandant Sharpe et des officiers, et que M. Ussher s’y trouverait aussi. Le Président m’ayant demandé si j’avais rédigé l’acte d’abdication, je lui répondis que je l’avais commencé chez moi, et que je l’achèverais s’il me donnait une plume et de l’encre. Sa femme, Madame Joute Lachenais, me fournit ces objets. Je m’assis près d’un guéridon qui était dans le petit salon au nord du palais, tandis que Boyer était à moitié couché sur un canapé : il était atteint d’un gros rhume et avait un peu de fièvre. Quand j’eus achevé d’écrire, je lui donnai lecture de ce qui suit :


« Au Sénat de la République d’Haïti,

xxx « Citoyens Sénateurs,

« Vingt-cinq années se sont écoulées depuis que j’ai été appelé à remplacer l’illustre fondateur de la République que la mort venait d’enlever à la patrie. Durant cette période de temps, des événemens mémorables se sont accomplis. Dans toutes les circonstances, je me suis toujours efforcé de remplir les vues de l’immortel Pëtion, que, mieux que personne, j’étais en position de connaître. Ainsi, j’ai été assez heureux de voir successive-