Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/16

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n’avoir pas même appelé à donner son avis sur les détails nautiques de l’expédition, l’homme de mer expérimente qui tenait à cette époque le porte-feuille de la marine et des colonies ; que ce dernier n’eut qu’à signer pour copie conforme, les instructions déjà revêtues de l’approbation et de la signature du Premier Consul. Ces instructions contenaient de vieilles idées… [1] »

Piqué de ce reproche d’un officier général qui faisait partie de l’expédition et dont les assertions pouvaient paraître fondées, l’empereur Napoléon, à Sainte-Hélène, a daigné le réfuter et bien d’autres imputations consignées dans les mémoires de cet auteur : il a nié d’avoir rédigé lui-même les instructions pour la flotte, en affirmant au contraire que ce fut l’amiral Decrès qui les prépara.

On ne peut guère admettre, en effet, que le Premier Consul n’eût pas fait participer le ministre de la marine, à la rédaction des instructions qui devaient diriger les amiraux chargés du commandement de la flotte. Qu’il ait dicté lui-même celles qui avaient rapport aux opérations militaires et à la direction politique, cela se conçoit, et c’était même dans son droit : personne ne pouvait mieux que lui rendre sa pensée, dans le but qu’il se proposait d’atteindre.


Le 29 janvier 1802, les trois premières escadres se réunirent au cap Samana. Celle qui portait la division du général Rochambeau était destinée à opérer contre le Fort-Liberté ; — la division Hardy, contre le Cap-Français ; —

  1. Mémoires, t. 2, p. 60. Cet ouvrage fut publié par P. de Lacroix, en 1819, sous la Restauration, qui avait encore de plus vieilles idées à l’égard de l’ancienne colonie de la France.