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ferait son rapport à Leclerc ; la lettre lui avait été remise. Placide ne put voir Leclerc, parce qu’il n’était plus agréé depuis qu’il avait pris parti avec son père adoptif.

Pesquidon fut encore visiter T. Louverture à Beaumont : il le trouva à la tête de ses cultivateurs travaillant dans ses champs. En présence de cet officier, des soldats de son corps vinrent enlever des vivres sur cette habitation : T. Louverture s’en plaignit à lui, et loin d’y mettre ordre, Pesquidon lui promit d’empêcher ces vexations à l’avenir.

Le général Brunet qui commandait aux Gonaïves, ayant le général Vernet sous ses ordres, vint aussi à Beaumont visiter l’ancien gouverneur ; d’autres officiers français y furent également, toujours dans le but de s’assurer de ce qu’il y faisait. Cette inquisition, cet espionnage officiel, en même temps que les soldats de la 31e renouvelaient continuellement l’enlèvement de force des denrées sur cette habitation, fut suivi d’une lettre de Leclerc à T. Louverture, par laquelle il l’accusait de garder auprès de lui des hommes armés, en lui ordonnant de les renvoyer. Il s’agissait sans doute des dragons de sa garde d’honneur, qui s’étaient réfugiés sur ses habitations en qualité de cultivateurs. Il paraît, d’ailleurs, que Leclerc était alors sur la voie de menées entre T. Louverture et P. Fontaine, qui était au Cap.

Il répondit à la lettre de Leclerc, en lui renouvelant l’assurance de sa parfaite et sincère soumission, en niant qu’il eût des hommes armés auprès de lui, en lui disant qu’il ne s’occupait que de la culture des champs. Il ajouta un exposé des vexations dont il était l’objet de la part des soldats de la 31e, en trop grand nombre à Ennery, et que si le capitaine-général n’y faisait pas remédier, il se ver-