Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/178

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rait contraint d’abandonner ses habitations d’Ennery pour se réfugier sur la hatte qu’il possédait dans la partie espagnole. Isaac fut porteur de sa réponse.

Cette idée de quitter le lieu où il était si bien surveillé décida Leclerc à ordonner son arrestation. La présence d’Isaac au Cap coïncidait avec celle de Dessalines. Ce jeune homme, qui était agréable à Leclerc pour n’avoir point voulu combattre contre les Français, était retenu par des politesses et des caresses, pour qu’on eût le temps de préparer l’arrestation de son père. Leclerc lui fit voir alors les lettres de Dessalines dont nous avons parlé, le chargea d’en instruire l’ex-gouverneur, et de lui dire que le général Christophe avait de meilleurs sentimens à son égard.

Mais il avait expédié son aide de camp Ferrari, porteur de l’ordre d’arrestation envoyé au général Brunet. Cet officier, en passant à Ennery, dit à Pesquidon quel était l’objet de sa mission. Cette déclaration parvint à T. Louverture : on était si assuré de l’exécution de cet ordre, qu’on fut indiscret. En même temps, les généraux Vernet et Paul Louverture lui firent donner le même avis : Vernet, son neveu par alliance, devait même venir auprès de lui à ce sujet. On apprit encore à Beaumont, que deux frégates venaient d’arriver aux Gonaïves avec des troupes, et que ces troupes devaient coopérer à l’arrestation ordonnée.

Isaac revint alors du Cap avec une lettre de Leclerc à T. Louverture. La confidence que le capitaine-général lui avait faite des dénonciations écrites de Dessalines, était propre à calmer les inquiétudes de l’ex-gouverneur. Isaac avait trop de confiance dans les Français, pour n’avoir pas, probablement, ajouté ses conseils à ce qui n’était qu’une ruse machiavélique de Leclerc : se voyant