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Il avait défendu à Sylla de mettre bas les armes, et aux cultivateurs de ne travailler à d’autres plantations qu’à celles de leurs vivres.

Il avait envoyé un de ses complices au général Dessalines, pour l’engager à ne pas se soumettre de bonne foi : le général Dessalines me l’a déclaré.

Il comptait beaucoup, à Saint-Marc, sur Manisset : il est arrêté[1].

J’ai sévi contre ce grand coupable, et j’ordonne aux généraux de division de l’armée de faire rentrer de vive force, tous les cultivateurs qui sont encore en armes dans les campagnes.

Les cultivateurs ne sont pas les plus coupables : ce sont ceux qui les égarent. En conséquence, tout commandant de garde nationale, tout officier, tout gérant ou propriétaire qui sera trouvé dans un rassemblement armé, sera fusillé de suite.

Quant à la commune d’Ennery, j’ordonne qu’elle soit désarmée sur-le-champ, pour avoir été si longtemps à se soumettre.

Le général Brunet fera de suite exécuter cet ordre.

Le chef de l’état-major fera imprimer, publier et afficher le présent ordre avec la lettre du général Toussaint, et l’enverra de suite à toute l’armée et dans toute la colonie,

Leclerc.

Le dernier paragraphe de cet ordre du jour implique nécessairement un machiavélisme de la part du capitaine général, puisqu’il n’ordonna que l’impression de la lettre de T. Louverture, tandis qu’il lui en a attribué deux : ce machiavélisme consistait à gagner Dessalines et Christophe à la cause française, en leur faisant accroire que leur ancien chef s’était plaint de l’un, avait lancé des invectives contre l’autre. En même temps, il y ajoutait en signalant Dessalines comme lui ayant dénoncé le malheureux prisonnier du Héros. Il croyait sans doute désigner ainsi Dessalines à l’animadversion de l’armée et de la population indigènes : il le leur recommandait au con-

  1. Manisset fut aussi, comme Fontaine, condamné à mort et exécuté.