Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/235

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plus besoin : il n’avait pas même celle de la portion de l’armée qui combattit avec lui.


Toutefois, si nous avons reconnu les fautes qu’il commit, les torts qu’il eut ; si nous avons dû flétrir ses crimes, reconnaissons aussi ce que son passage au pouvoir a laissé de bien et de remarquable dans son pays. Les peuples ne sont-ils pas réduits à accepter presque toujours leurs gouvernans, comme un composé de bien et de mal ? Où trouver un seul homme parfait ?

Toussaint Louverture a légué à son pays une organisation militaire et un système d’administration civile, financière et judiciaire, qui, à quelque chose près, ont dû être conservés par les divers gouvernemens qui y ont succédé au sien, depuis son indépendance de la France.

Dans sa constitution, dans les lois qui en ont été la conséquence, dans la division administrative du territoire, ils ont également puisé des principes de vigueur pour diriger la force nationale.

Sans doute, toutes ces institutions dérivaient de celles de la France, mais il les appliqua avec intelligence.

Comme homme éclairé, il fit sentir à ses frères que, quoiqu’ils descendent des Africains et doivent s’honorer de cette origine, ils doivent aussi s’affranchir de toutes leurs grossières superstitions, notamment du Vaudoux, parce que, si elles existent en Afrique, plongée dans une profonde ignorance, ce n’est pas une raison pour adopter de telles croyances qui dégradent l’homme et l’abrutissent, et qui ne peuvent que le faire mépriser. En faisant prévaloir sur ces ridicules croyances le culte du vrai Dieu, en honorant la religion chrétienne que, malheureusement, il n’observait pas assez lui-même, il leur a indiqué néan-