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Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/348

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Et vous, pour qui je me donne la peine de ces peines, ne pétez ni ne chiez de trois jours. Car si, en planant au-dessus des nuages, l’escarbot flairait quelque odeur, il me jetterait la tête en bas, et adieu mes espérances. Mais voyons, Pègasos, vas-y gaiement ; fais résonner ton frein d’or ; mets en mouvement tes oreilles luisantes. Que fais-tu ? que fais-tu ? Pourquoi baisses-tu ton nez du côté des latrines ? Élance-toi hardiment de terre, déploie tes ailes rapides ; monte tout droit au palais de Zeus ; détourne tes narines du caca, de ta pâture quotidienne. Ohé ! l’homme ! que fais-tu, toi, qui chies dans le Piræeus, près de la maison des prostituées ? Tu vas me faire tuer, tu vas me faire tuer ! Enfouis-moi cela ! Apportes-y un gros tas de terre, plante par-dessus du serpolet et répands-y des parfums ! S’il m’arrivait malheur, en tombant de là-haut, ma mort coûterait cinq talents à la ville de Khios, en raison de ton derrière. Mais, au fait, j’ai grand’peur, et je n’ai plus le mot pour rire. Ohé ! machiniste, fais attention à moi ! Je sens déjà quelque vent rouler autour de mon nombril. Si tu n’y prends garde, je vais faire de la pâture pour l’escarbot. Mais il me semble que je suis près des dieux, et je vois la demeure de Zeus. Où donc est le portier de Zeus ? N’ouvrez-vous pas ? (La scène change et représente le Ciel.)

HERMÈS.

D’où me vient cette odeur de mortel ? Ô divin Hèraklès, qu’est-ce que cette bête ?

TRYGÆOS.

Un hippokantharos.

HERMÈS.

Ô coquin, impudent, effronté, scélérat, très scélérat,