Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/50

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siens, Mégariens et Bœotiens ont le droit de trafiquer ici, à la condition de vendre à moi, et à Lamakhos rien. J’institue pour agoranomes de mon marché ces trois fouets en cuir de Lépros désignés par le sort. Entrée interdite à tout sykophante et à tout habitant de Phasis. Pour moi, je fais apporter la colonne sur laquelle est mon traité, afin qu’il soit bien en vue sur l’Agora.

UN MÉGARIEN. (Il parle en dialecte dorien.)

Agora d’Athènes, salut, toi qui es chère aux Mégariens. Par le dieu de l’amitié ! je te regrettais comme une mère. Allons, pauvres fillettes d’un père malheureux, montez les marches pour trouver des galettes, s’il y en a. Écoutez-moi, et que votre ventre soit tout attention. Qu’aimez-vous mieux, être vendues ou souffrir de la faim ?

LES FILLETTES.

Être vendues ! être vendues !

LE MÉGARIEN.

C’est aussi ce que je dis. Mais qui serait assez sot pour vous acheter, sûr d’y perdre ? Toutefois il me vient à l’esprit une invention mégarienne. Je vais vous déguiser en petits cochons et dire que j’en ai à vendre. Ajustez-vous ces pattes de cochon, et faites qu’on vous croie issues d’une bonne truie. Par Hermès ! si vous reveniez à la maison, vous souffririez tout de suite les horreurs de la faim. Ensuite mettez ces groins, et puis entrez dans ce sac. Là, grognez, et faites coï, comme les cochons dans les Mystères. Moi, je vais appeler Dikæopolis du côté par où il est… Dikæopolis, veux-tu acheter des petits cochons ?

DIKÆOPOLIS.

Qu’est-ce ? Un Mégarien ?