Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/332

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Euripide.

Je ne parlerai de moi-même et de mes titres comme poète qu’en second lieu. Je vais d’abord démontrer que celui-là n’est qu’un vaniteux, un charlatan, et je dévoilerai comment il a su faire illusion aux sots spectateurs, qui n’avaient jamais pratiqué que Phrynichus. En effet, un de ses grands moyens est de mettre en scène des personnages, tels qu’Achille et Niobé, assis, enveloppés dans leurs vêtements, ne se découvrant pas, ne disant mot, enfin, de vrais meubles de tragédie.

Bacchus.

Ma foi, rien de tout cela n’est vrai.

Euripide.

Le chœur, cependant, déclamait jusqu’à quatre tirades de suite sans qu’ils ouvrissent la bouche.

Bacchus.

Eh bien ! j’aimais ce silence et je le trouvais plus beau que les discours de nos poètes d’aujourd’hui.

Euripide.

Tu n’avais pas le sens commun. Apprends cela, je te prie.

Bacchus.

Je le pense bien. Mais pourquoi en usait-il ainsi ?

Euripide.

Pure prétention ; c’était pour tenir le spectateur dans l’attente du moment où Niobé parlerait à son tour ; pendant ce temps-là, la pièce allait à sa fin.

Bacchus.

Oh ! le scélérat ! Que j’ai sottement été sa dupe ! Mais