Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/490

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ronnes, il ne fût le premier à la bouillie. Car la conduite du sacrificateur m’en disait assez. Cependant la vieille, au bruit que j’ai fait, a étendu la main pour attirer son plat, et moi, en sifflant comme le serpent pareias, je l’ai mordue ; aussitôt elle l’a retirée bien vite et s’est cachée dans sa couverture, en lâchant, de peur, un vent d’une odeur plus forte que celle du chat. Ainsi donc j’ai englouti une bonne partie de la bouillie, et après m’être bien repu, je me suis recouché.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Le dieu n’était-il pas encore venu à vous ?

CARION.

Non, pas encore. Après tout cela, je me suis permis une bonne polissonnerie. Comme le dieu venait à nous, je lui ai fait une salve des plus bruyantes. Car j’avais le ventre tout enflé.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Sans doute que le dieu a eu horreur d’une pareille infamie.

CARION.

Oh ! point du tout. Mais la Jaso qui le suivait a rougi, et Panacée s’est détournée en se prenant le nez, car je n’exhale pas de l’encens.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Et le dieu ?

CARION.

Par ma foi, il ne s’en est pas embarrassé.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Tu veux donc dire que ce dieu est un grossier.