Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1022

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c’est la santé, il en résulte que la santé qui est la meilleure de toutes ces choses, est aussi la meilleure en comparaison d’elle-même ; ce qui n’est qu’un non-sens.

§ 9. Peut-être aussi n’est-ce pas par cette méthode qu’il convient d’étudier la question du bien suprême, du bien le meilleur. Mais faut-il d’ailleurs l’étudier en l’isolant pour ainsi dire de lui-même ? Et cette seconde méthode ne serait-elle pas également absurde ? Ainsi, le bonheur se compose de certains biens ; mais rechercher s’il est encore le meilleur en dehors des biens dont il se compose, c’est absurde puisque sans ces biens le bonheur n’est rien séparément, et qu’il n’est que ces biens mêmes.

§ 10. Mais ne pourrait-on pas trouver la vraie méthode en essayant d’apprécier le bien le meilleur par comparaison? Je m’explique : ne pourrait-on pas, par exemple, en comparant le bonheur, composé de tous les biens que nous savons, aux autres choses qui ne sont pas comprises en lui, rechercher quel est le bien le meilleur, et par là découvrir la vérité ?

§ 11. Mais ce bien le meilleur que nous recherchons en ce moment n’est pas simple ; et c’est comme si l’on prétendait que la prudence est le meilleur de tous les biens, qui lui auraient été comparés un à un.