Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/53

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Premièrement donc, le bien général de la société, ou la plus grande somme de bonheur possible, sinon pour tous, au moins pour le plus grand nombre des individus qui la composent, est, suivant Platon et Aristote, la fin ou le but de tout ordre politique. Cette vérité, au reste, universellement admise du temps de ces philosophes, et bien long-temps avant eux, n’a jamais été niée par personne. Elle est tellement empreinte dans le cœur des hommes, elle se confond tellement avec les plus simples et les premiers éléments du bon sens et de la raison humaine, que jamais les tyrans, même les plus stupides, n’ont commis de grands attentats, jamais les gouvernements les plus injustes ou les plus perfides n’ont proposé de mesures désastreuses, sans leur donner au moins pour prétexte le bien public.

Mais en quoi consiste le bonheur de l’homme, autant du moins qu’il peut dépendre de la forme du gouvernement et du mode d’existence de la société ?

Il consiste, suivant ces philosophes, dans la liberté et dans l’égalité politique.

Dans la liberté, parce que sans cette condition, comme le prouve l’histoire de tous les temps et de tous les pays, aucun individu ne peut jouir ni de sa propriété, (c’est-à-dire, du fruit de son travail, de son industrie, de ses talents, enfin des seuls

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