Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/54

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DISCOURS

moyens qu’il ait de subsister lui-même et de faire subsister sa famille), ni de ses facultés physiques et intellectuelles, ni même de ce qu’il y a de plus intime dans sa nature, sa conscience et sa raison, son opinion sur les choses et sur les personnes.

Dans l’égalité politique, parce qu’elle est la seule cause, l’unique fondement de la liberté.

En effet, l’inégalité entre les individus est dans la nature ; il ne dépend pas plus de nous d’en nier que d’en empêcher l’existence. Activité, courage, santé, force, intelligence, tous ces avantages sont répartis entre les individus dans des proportions

singulièrement variables, et de manière à mettre quelquefois entre eux la plus prodigieuse inégalité.

D’un autre côté, chacun d’eux est incessamment soumis à l’action de deux forces qui le poussent en des sens opposés. L’une est le sentiment de sa personnalité, le besoin et l’avidité de tous les genres de succès ou de jouissances qui peuvent flatter ses passions, ou lui procurer une satisfaction qui n’est que pour lui, indépendamment du bien

ou du mal qui peut en résulter pour ses semblables. L’autre est la sympathie, en prenant ce mot dans le sens le plus étendu, c’est-à-dire, comme exprimant cette tendance de notre sensibilité en vertu de laquelle nous nous associons à tous les sentiments agréables ou pénibles qui peuvent PRÉLIMINAIRE. liij