Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/143

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le contraire, ce peut être la preuve d’une foi ardente ; mais c’est une erreur manifeste, qui ne peut un seul instant résister à l’observation des faits. Lorsque plus tard, la Bible, traduite par les Septante, sous le règne de Ptolémée II, Philadelphe (275 avant J.-C. ), put être lue par les Grecs, on ne voit pas qu’elle les ait beaucoup émus ni éclairés. Au temps de Thalès et de Pythagore, elle aurait exercé bien moins d’influence encore ; leur eût-elle été expliquée, ils ne l’eussent guère comprise ni écoutée. En fait, elle ne leur a rien fourni.

J’en dis à peu près autant de l’Égypte. Depuis la grande découverte de Champollion, et par tous les travaux qui l’ont confirmée en s’en inspirant, on sait assez bien ce qu’était la terre antique des Pharaons. Sauf des révélations tout à fait inattendues et d’un genre tout nouveau, on est certain qu’on n’y rencontrera pas de philosophie. Les croyances y abondent, d’un caractère très original, et assez beau quoique bizarre ; mais la science proprement dite n’y est pas ; et tout concourt à prouver que, malgré la plus réelle intelligence, elle n’y a jamais été et n’y pouvait pas être. L’étude de l’Égypte n’en est pas moins curieuse ; mais il ne faut pas en attendre ce qu’elle ne contient point ; elle a des annales, et elle n’a pas d’histoire ; elle a peut-être des observations exactes de certains phénomènes naturels, astronomiques