Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/432

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là qu’il est le plus puissant et le meilleur. Ce n’est pas là ce que l’on croit vulgairement, et l’on admet que les Dieux sont, en bien des choses, supérieurs les uns aux autres. Ainsi, Xénophane n’a pas emprunté cette opinion hardie au consentement unanime du vulgaire. Mais, quand on dit que Dieu est le tout-puissant, ceci ne veut pas dire que c’est là la nature de Dieu par rapport à un autre ; mais c’est son propre rapport avec lui-même. Dans la relation à autrui, il se pourrait fort bien que Dieu ne l’emportât pas par sa supériorité et sa force incomparable, mais par la faiblesse des autres. Personne ne voudrait entendre, en ce sens, la toute-puissance de Dieu. Mais, on comprend que Dieu possède par lui-même tout ce qu’il y a de mieux, qu’il n’a aucun défaut quelconque, et qu’il a tout ce qui est bon et beau ; et par toutes ces perfections, il a aussi celle de la toute-puissance.

§ 3.[1] Il est vrai qu’on pourrait admettre qu’il y a aussi plusieurs Dieux doués des mêmes qualités, possédant tous les plus grandes perfections possibles, étant plus puissants

    Ce que l’on croit vulgairement, ou peut-être : « ce qu’on doit croire, suivant la loi. » - Supérieurs les uns aux autres, ainsi, Mars est le plus belliqueux et le plus courageux des Immortels ; Vénus est la plus belle des Déesses ; Minerve, la plus sage ; Apollon, le plus savant, etc. — Xénophane n’a pas emprunté, Xénophane n’est pas nommé ; mais c’est un bel éloge de sa doctrine et de sa théodicée ; elle était toute contraire aux opinions répandues de son temps. — Par rapport à un autre, toute cette argumentation est très profonde ; et elle donne une bien haute idée du génie de Xénophane. — Incomparable, j’ai ajouté ce mot. - Il y a aussi celle de la toute-puissance, le texte n’est pas tout à fait aussi précis ; l’expression dont il se sert est assez vague ; mais le sens n’est pas douteux.

  1. § 3. Il est vrai qu’on pourrait admettre aussi, c’est là à peu près toute la théodicée d’Homère, quoique