Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/440

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contraires. Ainsi, par exemple, il est nécessaire qu’il y ait égalité ou inégalité, du moment qu’il y a quantité, et qu’il y ait de même pair ou impair du moment qu’il y a nombre ; de même aussi il faut qu’il y ait mouvement ou repos, du moment qu’il y a corps.

§ 14.[1] Mais si l’on dit que Dieu et l’Un ne se meut point, parce que les choses multiples se meuvent en allant les unes vers les autres, qui empêche aussi que Dieu se meuve en allant vers autre chose ? Ce n’est pas du tout parce qu’il n’est que Dieu ; mais c’est parce qu’il n’y a qu’un seul et unique Dieu. Et s’il ne se meut pas lui-même, qui empêche que, les parties de Dieu se mouvant les unes vers les autres, Dieu aussi n’ait un mouvement circulaire ?

§ 15.[2] Mais ce n’est plus là être un, comme l’entend Zénon ; c’est être multiple, ainsi qu’il le remarque ; car Zénon

    contraires, il faudrait dire : « les mêmes contraires, » comme cela parait ressortir des exemples cités. — Qu’il y ait mouvement ou repos, cette conclusion n’est pas moins nécessaire que les deux autres. Seulement l’opposition formelle n’existe que dans le premier exemple, où l’égalité et l’inégalité sont exprimées par deux mots dont la racine est la même, et ne diffèrent que par la négation ; dans le second exemple et dans le troisième, les mots sont différents, et ils ont tous deux la forme affirmative. Je n’ai pas pu dans notre langue conserver toutes ces nuances autant que je l’aurais voulu.

  1. § 14. Ne se meut point, j’ai conservé le singulier, parce que Dieu et l’Un se confondent. — En allant vers autre chose, j’ai conservé l’indécision du texte ; mais la pensée n’est pas juste ; car Dieu étant partout, ne peut se mouvoir comme les êtres particuliers, vers un lieu où il ne serait pas. — Parce qu’il n’est que Dieu, la pensée reste obscure, comme l’expression, surtout quand on se rappelle que plus haut Xénophane a fait Dieu tout puissant. — Les parties de Dieu, ceci semblerait confondre Dieu et le monde, comme on a quelquefois accusé Xénophane de le faire. — N’ait un mouvement circulaire, le mouvement circulaire étant le seul qui puisse être infini et éternel ; voir la Physique, Livre VIII, ch. 12, page 529 de ma traduction.
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