Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/443

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ci, qu’il n’y a que l’unité et que la pluralité n’est pas possible ; ceux-là, au contraire, que la pluralité seule est réelle et que l’unité ne l’est pas ; les uns regardant les choses comme incréées, les autres les regardant comme créées.

§ 3.[1] Gorgias combine ces deux opinions pour raisonner comme il fait : « Il faut nécessairement, dit-il, s’il y a quelque chose, que ce quelque chose ne soit ni un ni plusieurs ; que les choses ne soient ni incréées ni créées ; et alors, c’est qu’il n’y a rien. S’il y avait en effet quelque chose, il faudrait que ce fût l’un ou l’autre. » Qu’il n’y ait ni unité ni pluralité, et que les choses ne soient ni incréées ni créées, il essaie de le démontrer, soit comme Mélissus, soit comme Zénon, après la première démonstration qui lui est propre, et où il prouve à sa manière que l’être ni le non-être n’existent pas plus l’un que l’autre.

§ 4.[2] A son sens, s’il est possible que le non-être soit le non-être, le non-être n’existe pas moins que l’être ; car ce non-être est le non-être comme l’être est l’être, de telle façon que l’on ne peut pas plus

    créées, voir le Traité du ciel, Livre I, ch. 10, page 83, de ma traduction.

  1. § 3. Gorgias combine, même remarque que plus haut sur le nom de Gorgias. - Dit-il, ni un ni plusieurs, voir plus loin l’analyse de Sextus Empiricus, au début. — Que ce fût l’un ou l’autre, j’ai conservé toute l’indécision du texte ; en d’autres termes : « Il faudrait que ce qui serait fût ou un ou multiple ; il faudrait qu’il fut créé ou incréé. » - Soit comme Mélissus, soit comme Zénon, de ce passage où Mélissus et Zénon sont expressément nommés, on peut tirer ces deux conséquences : d’abord, que la première partie de ce traité se rapporte bien à Mélissus, et en second lieu, qu’il y manque une partie où Zénon était analysé, comme le sont Mélissus, Xénophane et Gorgias ; voir la Dissertation plus haut, page 201. — Que l’être ni le non-être, le texte dit mot-à-mot : « que être et ne pas être ne sont pas. »
  2. § 4. Que le non-être soit le non-être, tout le sophisme repose sur le verbe Être appliqué au non-être ; et du moment qu’on dit du non-être qu’il