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TRAITÉ DU CIEL.

possible que les éléments de l’infini fussent au nombre de plusieurs, dissemblables entr’eux, et que chacun d’eux, à part, fût cependant infini ? Car il faut que chacun d’eux soit infini dans tous les sens.

§ 6. Pourtant, il n’est pas possible davantage[1] que l’infini soit composé tout entier de parties homogènes. D’abord, comme il n’y a pas de mouvements autres que ceux que nous avons indiqués[2], il faudra que l’infini ait un de ces mouvements[3] ; et si cela est, il y aura nécessairement une pesanteur infinie ou une légèreté infinie. D’autre part, il ne se peut pas que le corps qui se meut circulairement soit infini ; car il est impossible que l’infini ait un mouvement circulaire[4]. Or, soutenir ceci reviendrait absolument à dire que le ciel est infini, et l’on a démontré[5] que c’est là une chose impossible. § 7. Mais en outre, il est tout aussi clair que l’infini ne peut absolument avoir aucune espèce de mouvement[6]. Le mouvement qu’il aurait en effet serait, ou naturel, ou forcé ; et s’il a un mouve-

    être composé d’éléments dissemblables. Si ces éléments étaient multiples et dissemblables, chacun d’eux serait infini ; ce qui implique contradiction.

  1. C’est la seconde partie de l’alternative posée plus haut § 1. Il vient d’être démontré que l’infini ne peut pas se composer d’éléments hétérogènes ; on va démontrer maintenant qu’il ne peut pas se composer non plus d’éléments homogènes.
  2. Voir plus haut ch. 2, § 2, page 6. Ces mouvements sont au nombre de trois, le mouvement en haut, le mouvement en bas, et le mouvement circulaire.
  3. Soit le mouvement en haut, soit le mouvement en bas ; il sera question ensuite du mouvement circulaire. Si l’infini a le mouvement soit en bas, soit en haut, il y aura dès lors une pesanteur ou une légèreté infinies ; or, il vient d’être démontré, etc., ch. 6, §§ 1 et suiv.
  4. Voir plus haut, ch. 5, § 6.
  5. Voir plus haut, ch. 5, § 10.
  6. Voir plus haut, ch. 5, § 7, la même