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qu’il y ait nulle part des non-êtres. » BRANDIS, p. 294 : οὐ γὰρ μήποτε τοῦτ’ οὐδαμῆ εἶναι μὴ ἐόντα.

La leçon de Bekker, p. 1089, est fort différente de celle de Brandis. Il lit :

Οὐ γὰρ μήποτε τοῦτο δαῇς, εἶναι μὴ ἐόντα.

Il a emprunté cette correction probablement à Heindorf ou à Stallbaum. On trouve, en effet, un passage de Platon, Sophist., p. 237, qui contient la sentence de Parménide ; les modernes éditeurs de Platon en ont jugé le texte corrompu : Parménide est un poète, et dans les mots que lui prêtent Aristote et Platon, il n’y a pas trace de quantité. Ils ont mis en un vers la ligne de prose qu’ils trouvaient dans les manuscrits. Mais, comme le fait observer avec raison Simon Karsten, Parmen. Eleat. reliq, p. 130, l’ensemble du passage de Platon, et ses expressions formelles même, auraient dû les dissuader de ce dessein. Platon dit, en effet : Παρμενίδης δ’ ὁ μέγας… ἀρχόμενός τε καὶ διὰ τέλους τοῦτο ἀπεμαρύτρατο, πεζῇ τε λέγων καὶ μετὰ μέτρων·

Οὐ γὰρ μήποτε τοῦτο οὐδαμῆ (φησὶν) εἶναι μὴ ἐόντα,
Ἀλλὰ σὺ τῆς δ’ ἀφ’ ὁδοῦ διζήσιος εἶργε νόημα.


Il y avait donc dans les paroles qui étaient le commencement et la fin des discours des Parménide, prose et vers : le vers c’est ἀλλὰ σύ… ; la prose, οὐ γὰρ μήποτε… : pourquoi donc dénaturer le passage, sous prétexte de correction ? D’ailleurs Simplicius qui cite le même mot de Parménide, Phys., fol. 29, b ; 31, a ; 53, b, avec des variantes, ne donne nulle part un vers, à οὐ γὰρ μήποτε, et les commentateurs de la Métaphysique ont expliqué le passage d’Aristote tel que le donnent les manuscrits, et, d’après les manuscrits, les éditeurs anciens et Brandis ; indiquant même que ce qui en fait la difficulté, c’est la répétition de la négation : οὐ, μήποτε, μηδαμῆ. Voyez Alexandre, Schol., p. 825 ; Philopon, fol. 63, a. C’est donc à tort aussi que Du Val, lequel n’a rien changé au texte, pense qu’il y a des fautes