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LA MAISON DE GRANIT


L’horizon lumineux s’est couvert de nuées,
Long regard de l’espace obscurci par les pleurs…
Lentement, comme un vol d’ailes exténuées,
S’abattent sur la mer les plaintives douleurs.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .



Au ras de ses eaux cruellement bleues
Tu pourrais les voir fuir devant la nuit ;
Elles franchiront mille et mille lieues
Sans que leur appel vers moi t’ait conduit.

Mais si quelque jour tu pouvais entendre
Le cri douloureux de mon cœur blessé,
Si ta main s’ouvrait, chaude, pour se tendre
Vers l’oiseau qui meurt dans le vent glacé :

Tu saurais alors le prix de la vie,
Car notre passage, un jour, ici-bas,
N’a qu’un seul bonheur digne qu’on l’envie,
Celui que, sans moi, tu ne vivras pas !