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SI TU M’AVAIS AIMÉE


Je t’aurais apporté cette joie attendue,
Si ta main caressante avait touché les mains
Qui s’ouvraient pour t’offrir, à travers l’étendue,
La paix des jours et la beauté des lendemains.

Tu n’as pas deviné le secret de ma bouche,
Close sur mon amour comme un tombeau scellé ;
Tu m’a crue insensible, inhumaine, farouche ;
Mon regard douloureux ne t’a rien révélé.

Et nous avons suivi des routes différentes ;
Et jamais entre nous un mot de vérité
N’a jailli, transformant nos deux longues attentes
En une heure d’orgueil sublime et de beauté.

Mais s’il peut te venir quelque fierté d’apprendre
Que je t’avais voué le temple de mon cœur,
Penche-toi sur mes yeux où tu pourras surprendre
Ton image adorée avec mon dernier pleur.