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LA MAISON DE GRANIT


J’aurais voulu mêler mes rêves à ton rêve,
Murmurer avec toi la prière des soirs ;
Puis sentir ton amour, quand l’aurore se lève,
M’emporter avec lui vers de nouveaux espoirs.

Dans tes bras adorés où j’ai rêvé de vivre,
N’aurai-je pas, du moins, la douceur de mourir,
Pour que de son fardeau mon âme se délivre
En disant son secret dans un dernier soupir !

Ce jour-là seulement tu saurais la tendresse
Que j’ai dû te cacher, car tu ne m’aimais pas ;
Tu n’aurais eu que la pitié de ma détresse,
Et j’ai de ton chemin écarté tous mes pas.

Je voulais être à toi, délicieuse et bonne,
Car je sais qu’un cœur d’homme est fait pour le bonheur,
Et que seul le bonheur d’un être nous le donne,
Alors que gémirait en vain notre douleur.