Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
SI TU M’AVAIS AIMÉE


Une autre aura de toi la flamme de ta vie
Et ton brûlant plaisir ;
Une autre te tendra son âme inassouvie
Et son jeune désir.

Mais tu ne sauras pas le charme intraduisible
De plus chastes bonheurs ;
Et, sous mes doigts, jailli d’une source invisible,
Coule un ruisseau de pleurs.

Lorsque la volupté posera sur ta lèvre
L’âpre goût de la mort,
Que la chaleur du jour brûlera de sa fièvre
Ton cœur fragile et fort :

La rose de la joie en tes mains sera sèche,
Et tu voudras pleurer !
Alors viens te pencher près de cette onde fraîche
Pour te désaltérer.