Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/146

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Maintenant tout est mort, la lumière est voilée,
Les roses du chemin s’effeuillent sous mes doigts ;
L’illusion divine au loin s’en est allée ;
C’est la réalité cruelle que je vois.

Et les clairs diamants de la blanche rosée
Ne sont plus, je le sais, que de froides vapeurs ;
La terre où, pour un jour, notre tente est posée,
N’est qu’une tombe ouverte à toutes les douleurs.

Pourtant je te préfère ainsi découronnée.
Nature, quand mes mains arrachent de ton front
La parure d’emprunt que je t’avais donnée,
Et que tu restes nue, insensible à l’affront.

Car je peux mesurer enfin ce que mon âme
Ajoute d’elle-même à la réalité ;
Dans l’immense univers je ne suis qu’une femme,
Mais mon fragile cœur peut créer la beauté.