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SI TU M’AVAIS AIMÉE

J’aurais voulu planer, fière et silencieuse.
Dans le silence immense où rien d’humain ne vit,
Où seul le vent du ciel frôle une aile soyeuse,
Où le sourire de l'éther s’épanouit.

J’aurais voulu briser les barrières du monde
Pour m’arrêter au seuil de la blanche cité,
De la cité de rêve où le bonheur se fonde
Sur l’amour immortel et sur la vérité.

Mais, hélas ! ma pauvre âme est languissante et lourde
Des bonheurs que jamais je n’ai pu vous donner ;
Sous le frémissement de cette douleur sourde
Je sens les nœuds serrés qui vont m’emprisonner.

Je reste là, meurtrie, enviant l’oiseau frêle
Qui part avant l’hiver loin de notre ciel gris,
Moi que glace le froid d’une nuit éternelle.
Loin du divin bonheur dont je sais tout le prix.