Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/160

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Ah ! laissez-moi briser la prison de mon corps,
Où je gémis, si loin des divines chimères !
La fragile beauté des choses éphémères
M’a trop longtemps séduite : ôtez-moi ce remords !

Ainsi, lorsque la mort Tiendra, de sa main rude,
Heurter le lourd marteau de bronze du portail,
Au soir mystérieux d’un long jour de travail,
Pour me surprendre dans ma grave solitude :

A mon foyer paisible elle ne trouvera
Que ce qui fut jadis, dans les heures de peine,
L’enveloppe fragile où régnait, souveraine,
Mon âme que jamais son pouvoir n’atteindra.

Car j’aurai fui du haut de la blanche terrasse.
Où j’ai vu tant de fois apparaître au levant,
Dans les nuages noirs déchirés par le vent.
Une rose d’argent au jardin de l’espace