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SI TU M’AVAIS AIMÉE

Je détourne mes yeux vers le lac pur du ciel
Où le soir a jeté son long filet d’étoiles ;
Je voudrais y trouver le bien essentiel,
Si l’azur transparent le cache sous ses voiles.
 
Puis je m’incline au bord du gouffre scintillant
Dont nous sépare à peine une frêle barrière,
Les planches d’un bateau, refuge vacillant
D’une âme douloureuse, avide de lumière.

Je ne crains pas de voir l’abîme s’entr’ouvrir !
Est-il dans l’univers un être à qui ma vie
Donne l'orgueil de vivre et l’effroi de mourir ?
Est-il, hors de l’amour, un bonheur que j’envie ?

Est-il un cœur ami qui se penche vers moi
Dans l’ombre de la grande et calme solitude ?
Qui saura deviner mon indicible émoi ?
Quelles mains soutiendront ma lourde inquiétude ?