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SI TU M’AVAIS AIMÉE

J’ai senti sur mon front l’ombre fine et légère
Des bambous élancés qui penchent leurs arceaux
Sur les chemins, bordés de la haute fougère
Où peuvent s’abriter de frêles nids d’oiseaux.

J’ai respiré la fleur blanche des tubéreuses
A la chair de velours, à l’arôme grisant ;
J’ai goûté la douceur des nuits silencieuses
Où, comme un trait de feu, glisse le ver-luisant.

Mais dans l’azur plus doux de cet autre hémisphère
Où de la Croix du Sud brillent les diamants,
Les astres n’étaient plus pour moi qu'une poussière,
Sans rien des longs regards lumineux des amants.

Car ils n’éclairaient pas tes yeux à l’heure même
Où je les contemplais, le cœur tout plein de toi ;
Et j’ai su que tu vis en moi plus que moi-même,
Et que le bonheur tient à l’ombre de ton toit.