Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/66

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Il faut passer, toujours droite, sans rien entendre,
Sans écouter le cri d’appel qui, sous tes pas,
Dans le soir langoureux monte, subtil et tendre ;
Il faut passer ou vers l’amour tourner tes bras.

Mais surtout ne crois pas à la vertu cachée
Des pleurs, du sacrifice et des renoncements ;
En vain se posera sur ta tête penchée
Le vol des rêves clairs et des nobles tourments.
 
Les hommes ne verront que ta face pâlie,
Que tes doigts douloureux usés par le travail ;
Ils souriront de ta jeunesse ensevelie
Sous le trop lourd manteau des saintes de vitrail.

Si tu veux la douceur de dominer les rêves
Des beaux adolescents aux lèvres de velours,
Ne viens pas t’égarer sur le sable des grèves :
Lève ton voile, et va vers les brèves amours.