Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/67

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Allons, sois courtisane, ouvre ta porte et livre
Ton corps souple aux baisers que tu ne rendras pas ;
Et vends-toi pour de l’or, puisque l’or nous délivre
Des affres de la faim et des sombres trépas.

Tu pourras fièrement vivre ta vie infâme,
Et les hommes seront courbés sur ton chemin ;
Tu les écraseras sous ton pied nu de femme,
Ils se relèveront pour te baiser la main.

Mais si tu veux choisir de rester pure et libre,
Chaste, grave, attentive aux chansons de la mer,
Si tu veux qu’aux douleurs des faibles ton cœur vibre,
Que près de toi le goût des pleurs soit moins amer :

N’attends rien de l’amour, des hommes et des choses ;
Accepte l’abandon et la lutte et l’effort ;
Laisse pour d’autres mains fleurir toutes les roses,
Et marche, solitaire, au devant de la mort.